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Mes Indispensables # 17: Antony and the Johnsons - I'm a bird now (2005)
Cette personne sur un lit d'hôpital, c'est la transsexuelle Candy Darling - morte en 1974 d'une leucémie - à qui Lou Reed donnait la parole dans "Candy Says" et racontait en partie ses périples dans "Walk on the wild side" (Candy came from out in the island). Antony réalisait avec ce second opus son rêve de gosse: chanter en duo avec Boy George et avec Lou Reed son idole. De nombreux artistes ont collaboré à ce disque, entre autres Rufus Wainwright et Devendra Banhart. Autant le dire tout de suite, ce disque est magnifique tant il transpire le spleen , tant la voix d'Antony, particulière et unique, ne cède cependant jamais à la facilité et aux trémolos. De nombreux thèmes sont abordés sur ce disque et j'en retiendrai trois: l'androgynie, le sado-masochisme (bonjour "Venus in furs"!) et la relation amour/mort ou Eros/Thanatos si vous préférez...
Je suis assez peu concerné par les deux premiers thèmes - pourquoi se faire du mal alors qu'on peut se faire tant de bien - mais c'est le dernier qui m'interpelle...
Au-delà de la musique, ce disque me renvoie à mon histoire personnelle et a croisé ma route trois fois. La première fois, quand il est sorti, j'ai pris une claque monumentale et je l'écoutais très souvent.La seconde fois, c'était en revenant d'un voyage à l'étranger l'été 2018, en voiture... Je pense que la personne qui conduisait ne s'est pas aperçue que des larmes coulaient sur mon visage: étaient-ce les prémices annonciateurs d'une relation qui allait s'achever un an plus tard? Je n'en sais rien mais l'émotion qui m'a envahi à ce moment-là restera à jamais gravée dans ma mémoire. La troisième fois, c'est maintenant, à l'heure où j'écris ces lignes et où je suis confronté au tryptique amour/maladie/mort. Comment vivre dans l'espoir d'une nouvelle histoire, en transportant avec soi les douleurs de la dernière, tout en me confrontant à une maladie dont je ne connais pas encore le nom et en sentant la mort rôder autour de moi? Amour et mort sont de nouveau intimement liés. C'est là où cet album d'Antony tombe à point nommé: malgré le spleen, la lumière ne cesse de s'en échapper inexorablement presque contre la volonté de l'artiste. Il suffit d'écouter les cuivres de "Fistfull of love" , de sentir l'espoir contenu dans les paroles de"Hope there's someone" pour en éprouver de la force malgré sa propre vulnérabilité. Je ne mettrai pas le genou à terre, je resterai debout, pour mes enfants, pour ma famille, pour continuer à lire, écouter de la musique qui fait du bien aux oreilles et pour avoir le plaisir de la partager avec vous...
Pardonnez-moi cet épanchement intime, mais j'en avais besoin, il fallait que je m'en libère. C'est chose faite et je n'y reviendrai plus.
Les titres:
1 Hope There's Someone 4:21
2 My Lady Story 3:33
3 For Today I Am A Boy 2:36
4 Man Is The Baby 4:09
5 You Are My Sister 3:59
6 What Can I Do? 1:40
7 Fistful Of Love 5:51
8 Spiralling 4:25
9 Free At Last 1:36
10 Bird Gerhl 3:14
Pour l'écouter, ce n'est pas loin....Bird on a wire
That's all folks!
Tags : antony, indispensables, johnsons, bird, now, I'm a Bird Now, Antony and the Johnsons, Mes Indispensables
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Commentaires
2AudreyLundi 2 Mars 2020 à 09:42J'ai connu ça uassi, avec mon mari juste avant de partir en vacances. La peur du nom qu'on ose affronter. L'attente des résultats... La peur des des résultats. Et puis les traitements… Et, heureusement, la guérison parce que l'équipe soignante avait détecter tout ça très en amont et l'a accompagné merveilleusement psychologiquement.
Quant aux larmes en bagnole, j'ai connu ça aussi… Heureusement (?), je ne conduisait pas… J'entendais Johnny Cash reprendre "One"... Et j'ai soudain senti que quelque chose n'allait pas entre nous… Et chacun des mots de la chanson me transperçaient le cœur. Il se crée alors avec la chanson une relation étrange, intense. Et elle conserve par la suite son pouvoir cathartique et un peu maléfique.
Dans cet album, je retiens surtout cette première chanson. Elle balaie quasiment toutes les autres tellement elle est intense et forte. J'ai beaucoup écouter ce disque à la sortie, mais depuis, j'écoute plus cette chanson que l'album en soi. Mais je n'ai pas suivi ce qu'Antony a fait ensuite.
Bref, j'ignore si cela peut t'aider… mais je suis de tout cœur avec toi et encore merci pour cette ferveur qui transpire quasiment quotidiennement dans ton blog. Et j'espère que cela se passera aussi bien qu'avec mon mari.
3Fracas64Lundi 2 Mars 2020 à 10:26Merci Audrey. Il faut gérer l'attente et continuer à avancer vers autre chose, une autre histoire... Mais il y a des jours où les forces me manquent...4keith_michardsLundi 2 Mars 2020 à 11:24Je pourrais te dire que pour gommer un tout petit peu ton spleen, il faut te passer en boucle la discographie de Motörhead Ça n'efface pas tout, mais c'est un peu comme le mercurochrome de notre enfance. Ça c'est pour la boutade !
D'accord avec toi : ce disque est simplement EXCEPTIONNEL. Je l'ai découvert il y a peu de temps, en fouinant chez notre ami le Zornophage et j'ai aussitôt craqué pour le "personnage" Anohni Hergarty, sa voix, sa musique… céleste.
Merci de le remettre sur le devant de la scène... et n'oublie pas que tu es entouré d'amis
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Lundi 2 Mars 2020 à 11:47
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5Jean-PaulLundi 2 Mars 2020 à 12:11Il y a une semaine, j'ai écouté trois albums et deux concerts d'Antony. J'ai toujours eu un faible pour celui-ci. Souvent après l'écoute de ce dernier, je me met "Berlin" de Lou Reed.
Pourquoi ? La douleur, le départ, la mort ?
Thèmes que Ferré a toujours bien écrit/chanté.
Ce dernier thème, à mon âge, j'y suis de plus en plus confronté, mes parents, mes ami(e)s et tout dernièrement un des deux "frères" avec qui j'avais monté notre petit studio de graphisme. 30 ans où nous nous voyons tous les jours. Et pour lui presque six années de combat… Je l'ai presque plus côtoyé que ma femme ou mes enfants.
Et comme Arewe, même si nous nous côtoyons pas, je te lis tous les jours.
J'espère que tout ira bien pour toi.
6Fracas64Lundi 2 Mars 2020 à 12:21Merci Jean-Paul.7Arewenotmen?Lundi 2 Mars 2020 à 13:06Motorhead, bien sûr... Bach aussi !8ericLundi 2 Mars 2020 à 13:26Troublante confession que la tienne. On est de tout coeur avec toi Patrick. On ne te laissera pas tomber. Ne t'excuse pas. J'ai dis une fois que tu étais le meilleur d'entre nous, je le pense. Je dis toujours ce que je pense, que ça fasse plaisir, ou non.
Haut les Coeurs!
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Mardi 3 Mars 2020 à 07:31
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C'est tout à ton honneur de t'exprimer ainsi et, surtout, de tenir le cap face aux coups.
Si besoin d'une musique plus guillerette, je propose un Buddy Holly.
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dadoLundi 2 Mars 2020 à 16:10
"On peut, après tout, vivre sans le je-ne-sais-quoi, comme on peut vivre sans philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien" (Vladimir Jankélévitch) Ces dernières années je côtoie hélas auprès de mon âme soeur cette dualité funeste où parfois l'ombre prend le dessus sur la lumière... mais l'étincelle reste cachée sous la cendre. Merci donc pour ce blog journalier Fracas64, cette bulle quotidienne , ce lieu privilégié où il fait bon parfois de livrer son cœur avec des mots simples et vrais.
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Mardi 3 Mars 2020 à 07:31
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10Fracas64Lundi 2 Mars 2020 à 16:26Merci Dado pour cette leçon.-
dadoLundi 2 Mars 2020 à 16:54
Aucune leçon à te donner Fracs64, juste ma sincère amitié et très judicieux indispensable du jour !
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Je ne peux pas généraliser, mais j'ai aussi utilisé mon blog, l'écriture et la musique pour affronter la disparition de ma mie. Et je sais que pour certains, dont toi alors? La musique peut échanger avec nous le chagrin qui étouffe, je ne connais pas mieux que la musique pour qu'une émotion prenne davantage forme, et qu'ensuite nous pussions continuer à vivre avec un peu moins de poids. Nous devons beaucoup aux artistes et de ton côté tu le leur rends bien. Vive l'émotion exprimée. Dans le cas contraire elle ronge. À suivre.
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Mardi 3 Mars 2020 à 07:32
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Mardi 3 Mars 2020 à 09:57
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12HervéLundi 2 Mars 2020 à 22:30Cher Fracas, tu viens précisément de mettre l'accent sur quelque chose de prégnant dans cet univers si décrié du Web : l'humanité des animateurs de blog. Que serait-on sans votre rôle de passeur ? Pas grand chose. Vous êtes l'équivalent pour moi des animateurs radio de notre adolescence, en nous faisant découvrir sans cesse de nouvelles musiques. Bravo à vous tous et continuez longtemps !
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Mardi 3 Mars 2020 à 07:35
Merci pour ton soutien Hervé. L'humanité, c'est une valeur que j'essaie de promouvoir dans ma vie de tous les jours mais je ne peux pas toujours affirmer que j'y arrive au quotidien parce que l'humain justement est imparfait. Les moments de souffrance et de douleur t'enlèvent aussi parfois ta capacité de jugement et t'aveuglent. Donc j'essaie , j'essaie mais je n'obtiens pas toujours satisfaction!
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13DannyBoyMardi 3 Mars 2020 à 21:09J'ai retrouvé sur un disque dur ce 4 titres de 2005 qui contient :
You are my sister
+ 3 titres qui ne sont pas sur I'm a bird now :
Poorest ear
Forest love
Paddy's gone
Aucazoù ça intéresse quelqu'un, il n'y a qu'à cliquer ici.
15Fracas64Mercredi 4 Mars 2020 à 22:04Et merci !16PadraigVendredi 6 Mars 2020 à 09:59Patrick
Bouleversante confession et une bouleversante chanson (Hope there is someone).
De tout coeur avec toi
Sincèrement
Patrick
PS La version de Clare Maguire de cette chanson est également magnifique, je ne saurai trop vous recommander de l'écouter si vous ne la connaissez pas déjà
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Je te remercie Arewe et te souhaite aussi bon courage. Habituellement, je déteste parler de ma vie privée. Je n'ai pas de compte "fesse de bouc" par exemple. Mais là j'avais besoin de me libérer d'un trop-plein qui commence à m'étouffer...