• Mes Indispensables # 38 : The Beatles - Rubber Soul (1965)

    Mes Indispensables # 38 : The Beatles - Rubber Soul (1965)

    Avant de laisser la parole à un fan plus éclairé que moi à propos des Beatles, je me dois de préciser que la réécoute de leurs albums, et notamment ceux présents dans cette rubrique, est à chaque fois un bonheur. En effet, le génie de leurs compositions est encore plus appréciable avec le temps. Finalement, est-ce que les chansons des Beatles ne se bonifient pas encore davantage avec le temps?

    Voici donc ce qu'en disait Maxime sur Album Rock en 2006:

    Chose amusante quand on lit des ouvrages consacrés aux Beatles : les exégètes voient un nouveau cycle s’achever ou naître pratiquement à chaque album. Sans verser dans le métalangage hystérique, il est toutefois évident que sans Rubber Soul, il n’y aurait pas eu de Revolver dans la forme qu’on lui connaît. Pas de moustaches et de vestes multicolores sans être au préalable passé par les coupes au bol. Il suffit de regarder la pochette et de la comparer, ne serait-ce qu’à Beatles For Sale paru l’année précédente pour s’apercevoir que les choses ont changé chez les Fab Four. Les mines sont plus graves, plus mûres, et le cliché prend la fameuse courbure, trucage bricolé par hasard et conservé par le groupe, histoire d’illustrer son âme de caoutchouc. Si le monde des petits gars de Liverpool n’est pas chamboulé de fond en comble (l’heure n’est pas encore aux audaces stylistiques d’un "Tomorrow Never Kows" ou d’un "A Day In The Life"), il a en effet pris des formes, s’est arrondi.
    On peut trouver plusieurs causes à cette évolution, sans qu’une prime l’une sur l’autre. Tout d’abord, le groupe maîtrise à la perfection l’écriture des chansons (toute personne sceptique sur ce point est priée d’écouter "You’ve Got To Hide Your Love Away" ou "Yesterday") au point de commencer à tourner en rond dans cette formule du sacro-saint couplet-refrain-couplet-refrain-pont et de vouloir la pousser à bout. D’autre part, les musiciens font la connaissance de nouveaux outils de travail : Harrison découvre le sitare pendant le tournage de Help ! aux Bahamas (voir "Norwegian Wood"), Mac Cartney expérimente les possibilités de la basse fuzz tandis que Lennon tombe sous le charme du folk de Bob Dylan, commençant à entrevoir le pouvoir politique que peut porter une chanson pop. Du nouveau son pour de nouvelles aspirations. Ensuite, le groupe, déjà grand consommateur de hash, découvre les drogues psychédéliques et notamment le LSD qui déforme, enjolive et colore leurs perceptions. Contrairement aux albums précédents, Rubber Soul n’est plus envisagé comme une collection de singles plus ou moins probables mais comme une entité propre, avec ses mouvements et ses évolutions. On est encore loin du concept album, mais l'ensemble est pensé comme un tout homogène, ce qui marque déjà une émancipation dans la trajectoire de la formation.
    Qu’on ne s’attende pourtant pas à un feux d’artifice sonore et des expérimentations tous azimuts. Les choses sont amorcées, mais pas encore enclenchées. Nous n’en sommes pas encore à passer des riffs de guitare à l’envers comme dans "I’m Only Sleeping". Ne brûlons pas les étapes. Certes, en apparence, la pop des Fabs reste la même. Pourtant, en prêtant un peu plus d’attention, on remarque que les paroles sont plus graves et moins niaises qu’avant. L’heure n’est plus aux "Elle t’aime, ouais, ouais, tu devrait être content d’être aimé comme ça"…mais plutôt aux relations ayant pris un coup dans l’aile ("You Won’t See Me", "What Goes On", "I’m Looking Through You"). Lennon et Mac Cartney connaissaient à l’époque de grandes difficultés conjugales, ceci expliquant peut-être cela. Le ton est même nostalgique sur le poignant "In My Life". Les textes sont parfois retords, invitant à chercher un sens caché sous leur surface ("Drive My Car", "Norwegian Wood"). C’est aussi le premier album des Beatles où toutes les chansons ne parlent plus explicitement d’amour ("The Word"). Mac Cartney s’essaie au français ("Michelle") tandis que Lennon se lance dans des complaintes déguisées ("Nowhere Man").

    Il serait pourtant injuste de considérer uniquement Rubber Soul comme l’instigateur de la révolution psychédélique des Beatles. C’est avant tout un magnifique recueil de chansons douces-amères où le folk côtoie la pop sixties, le grave le léger. Un compagnon fidèle pour tout amateur de belles choses.   

    Pour ma part, j'adore "Norwegian Wood" ( un petit air de "Positively 4th street" de Dylan?) et "Nowhere man"...

    Les titres:

    1 Drive My Car 

    2 Norwegian Wood 

    3 You Won't See Me 

    4 Nowhere Man 

    5 Think For Yourself 

    6 The Word 

    7 Michelle 

    8 What Goes On 

    9 Girl 

    10 I'm Looking Through You 

    11 In My Life 

    12 Wait 

    13 If I Needed Someone 

    14 Run For Your Life         

    Mes Indispensables # 38 : The Beatles - Rubber Soul (1965)

    Pour le (ré)écouter, ce n'est pas loin.....âme de caoutchouc

    That's all folks!

                                                                                                 

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  • Commentaires

    1
    Lundi 2 Novembre 2020 à 08:33
    individu1671137

    Coïncidence, hier j'ai réécouté la reprise de In my life par le vieux Johnny Cash avec sa voix qui avait beaucoup vécu.

    2
    Audrey
    Lundi 2 Novembre 2020 à 10:22

    Oui, Nowhere man est extraordinaire. mais je trouve que Girl fait partie des plus belles harmonies vocales collectives du groupe. 

    Il fait partie des albums qu'on peut redécouvrir, car derrière les apparentes simplicité et évidence  des chansons il y a autre chose que le temps et les réecoutes nous dévoilent.

    3
    Keith Michards
    Lundi 2 Novembre 2020 à 10:56

    Étonnamment, la pochette de Rubber Soul se reproche beaucoup de celle de Out of Our Heads des Stones sorti la même année !

    4
    Gil
    Lundi 2 Novembre 2020 à 12:02

    Maudite contrainte de l'ordre alphabétique : encore un album des Scarabées. Ah, je vais me faire des amis avec ça, moi !

      • Lundi 2 Novembre 2020 à 18:37
        individu1671137

        Après les Beatles, les Bee Gees ?

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