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Une chanson, une émotion # 12: Tabou - Lecuona Cuban Boys (1935) (Sorgual)
Aujourd'hui une évocation de jeunesse par Sorgual que je remercie chaleureusement. Ce n'est pas sans me faire penser au "On Evis Presley's Birthday" d'Elliott Murphy...
Mon père le transportait , avec toute sa vieille discothèque, dans sa mallette brune, comme un lourd carton à chapeau, avec une poignée au dessus, un corps arrondi et un fond plat pour la poser debout par terre. Beaucoup trop lourd pour moi. On la posait sur la table, ouvrait le couvercle, et libérait les sangles qui maintenaient les disques empilés.
On allumait la grosse radio Pathé Marconi en bakélite noire et jaune, la lumière venait éclairer le bandeau des stations parfois pré-réglées, sinon il fallait tourner délicatement le gros bouton à l'autre extrémité. On entendait déjà le petit vrombissement des lampes qui chauffent.
Il ne reste plus qu’à soulever le capot au dessus de la radio, enlever la rondelle pour centrer et poser les 33 tours.Le vieux 78 tours est sorti de son anonyme pochette en papier brun , il est lourd, sur la pointe des pieds, je le pose délicatement dans l’ électrophone caché sous le capot noir. L’appareil est de qualité car juste à régler la vitesse entre 45, 33 et 78 et déclencher le mécanisme. Le disque se met à tourner à une folle vitesse, l’étiquette bleue du centre du vinyle devient illisible. Le bras du tourne disque prend son envol, se positionne dans un mouvement raide au dessus du vide, et tout à coup chute délicatement (parfois le souvenir du bruit d’un petit rebond) pour comme par magie retrouver (à peu près) les premiers sillons.
Le haut parleur crachouille déjà ce bruit de fond si caractéristique, comme des maracas qui annoncent le début du morceau, le groove imparable de ces rumbas, car maintenant je mets des mots sur ce qui n’était qu’un convivial morceau que l’on l’écoutait parfois, à la maison où en vacances en Bourgogne chez mon oncle.
C’était il y a cinquante ans. Et déjà à l’époque je souriait en pensant à mes vieux parents qui avaient dansé sur cela !, cette antiquité, , alors que commençait à s’accumuler à la maison de la musique moderne, les Beatles, Brel, Christophe, Adamo, Otis Redding … un éclectisme encouragé par mon père.
Encore quelques années et j’achèterai mon premier 45 tours, Les Moody Blues avec « Night In White Satin », et des années plus tard mon premier 33 tour, Canned Heat avec « Future Blues ».
Mais toutes ces années, la ritournelle de « Tabou », et celle de l’autre face « Amapola » ne m’a jamais quitté, et on se l’est écouté encore en nostalgie souriante avec mes cousins et cousines, il y a quelques semaines.
SORGUALTabou - Lecuona Cuban Boys
Un magnifique texte qui donne envie d'écrire à son tour, n'est-ce pas?
That's all folks!
Tags : tabou, emotion, chanson, lecuona, cuban
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Commentaires
2dadoDimanche 30 Octobre 2016 à 11:16Très beau texte. A sa lecture, je ne ressens point de la nostalgie mais une myriade de souvenirs bienheureux d'un enfant choyé. Cela me donne envie d'écouter la version interprétée par les Cramps et divinement chantée par Lux Interior. Merci Sorgual et Fracas
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Dimanche 30 Octobre 2016 à 19:04
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3dadoLundi 31 Octobre 2016 à 08:30Sur leur dernier album officiel 'Fiends of Dope Island" le 7 ème morceau "Taboo": http://www38.zippyshare.com/v/NggO0i5b/file.html
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Lundi 31 Octobre 2016 à 08:54
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Merci pour l'hospitalité et spéciale dédicace à mon père. Amitiés.
Je le redis et ici devant tout le monde, j'ai pris beaucoup de plaisir à "divulguer" ce texte empreint de nostalgie et d'une qualité touchante. Merci d'apporter comme cela quelques rayons de lumière...